Solidays, toujours solidaire

28 juin 2016 à 12h00 par Aurélie Duhamel

Pour sa 18e édition, le festival social et solidaire a redoublé d’efforts pour sensibiliser les festivaliers aux causes qui lui sont chères. Conférences, expositions et animations se sont ainsi joint à la fête, plaçant la jeunesse – celle qui rêve et croit en son avenir – au cœur des préoccupations.

Pour sa 18e édition, le festival social et solidaire a redoublé d’efforts pour sensibiliser les festivaliers aux causes qui lui sont chères. Conférences, expositions et animations se sont ainsi joint à la fête, plaçant la jeunesse – celle qui rêve et croit en son avenir – au cœur des préoccupations.

Quelle meilleure tribune pour transmettre des messages sinon la scène ? Scènes de vie et de partage, elles étaient nombreuses à ravir les allées du festival parisien. L'édition de tous les records, placée sous le signe de l’amour, semble avoir tenu les promesses qu’elle s’était fixée (malgré une légère baisse des bénéfices, annoncée officiellement par l'organisation), ouvrant en plein cœur de la capitale une belle fenêtre musicale et sociale. La programmation, quant à elle, toujours plus riche et éclectique, était à l'image de son public.



« Ici on parle des droits humains, développement durable et solidarité internationale »

Installé du 24 au 26 juin à l'Hippodrome de Longchamp, le festival engagé dans la lutte contre le VIH a su mobiliser et sensibiliser les consciences autour de sujets cruciaux tels que la discrimination, la santé, le handicap ou encore les actions solidaires, au travers de conférences et animations ludiques encadrées par les bénévoles et personnels associatifs. Un activisme présent mais néanmoins discret, où convivialité rime avec solidarité.

À Solidays, les jeunes générations sont au premier plan et pour cause : « Après l'onde de choc du 13 novembre, l'idée de mettre davantage en avant la jeunesse a fait son chemin » expliquait Luc Barruet, directeur-fondateur de l’association Solidarité Sida (créée en 1992) et initiateur de Solidays. Le festival ose la jeunesse qui ose avec lui, en soutenant de toute ses forces les artistes et personnalités qui ont défilé sous ses yeux.

Au Forum Café, l'agora des Solidays, les festivaliers arrivent au compte-gouttes, volontairement ou simplement attirés par les voix des treize intervenants venus partager leurs convictions et répondre à leurs questions, leurs inquiétudes parfois. S'amuser sans occulter la réalité, tel était l'objectif de cet espace de débat public, où personnalités politiques (Christiane Taubira, Daniel Cohn-Bendit), journalistes (Aymeric Caron), philosophes (Vincent Cespedes), écrivains et activistes (Cyril Dion, Roland Tubiana) se sont succédés avec entrain. Parmi les sujets évoqués, la notion d'engagement citoyen, le respect d'autrui, l'importance de l'entraide et de la solidarité dans la lutte contre le Sida – qui touche encore 37 millions de personnes dans le monde – et d'autres sujets brûlants qui font l'actualité comme l'Europe, la loi sur l'état d'urgence ou encore le terrorisme.

https://twitter.com/sebastienfolin/status/746709822557544448

« La jeunesse n’a pas conscience de sa force [...] Montez sur la scène, prenez les responsabilités ! Bousculez ! Secouez ! Ce sera votre monde ! » a lancé l’ancienne Garde des Sceaux Christiane Taubira à la foule discrète et attentive venue l’écouter. Tout en confrontant les jeunes à leur responsabilité, l’ex-ministre a rappelé l’importance de former un front uni contre la discrimination, l’injustice et la haine, seul rempart face à la violence et autres maladresses du temps. Sensible aux messages qu’on lui assène, la jeunesse s’est alors portée garante – à la force de ses applaudissements - des espoirs que l’on place en elle. Christiane Taubira, que l’on retrouvera sur la scène Paris à la clôture de festival pour présenter l’hommage aux bénévoles.

[gallery ids="135502,135503,135510"]

Dans un tout autre registre et à deux pas du Forum Café, un atelier attire notre attention. À la Fabrique des idées, le stand de la Mairie de Paris, on laisse libre court à la créativité des visiteurs venus y faire escale entre deux concerts. Coloré et convivial, l’espace propose aux festivaliers de graver leurs pensées, leurs idées, à la craie sur une grande ardoise murale. Certains s'adonnent aux arts plastiques en personnalisant des sacs, d'autres se retrouvent autour d’une partie de babyfoot. Au Kiosque Jeune, on facilite également l’accès à la culture en offrant aux 18-26 ans des places de théâtres et spectacles. Un espace débat est également mis en place, animé par des intervenants, permettant aux jeunes d'échanger sur un large choix de thématiques telles que l'alcool, la drogue, la sexualité, le sexisme, le racisme ou encore la crise des réfugiés, illustrée avec sensibilité quelques mètres plus loin...

[gallery size="full" columns="2" ids="135489,135490"]

Ils s’appellent Ahmed, Ezzat, Fatma ou encore Nariman. Ils sont Syriens, Iraniens, Kurdes, Grecs, et ont tous emrpunté la route des Balkans, au péril de leur vie, pour fuir les horreurs de la guerre afin de rejoindre l’Europe de l'Ouest dans l’espoir d’un avenir plus radieux. L’exposition photographique I Am With Them est cachée derrière un mur de paille, une intimité nécessaire pour ce magnifique photo-reportage sur les réfugiés de guerre signé Anne A-R, également présente en conférence au Forum Café. Face à nous, plus d’une dizaine de portraits se dressent face à nous et nous font le récit de leur histoire : "J’ai 30 ans. Nous sommes d’Afrin près d’Alep. Nous sommes kurdes. Le régime ne nous traitait pas bien alors nous avons dû fuir au Liban” ; ”J’ai 26 ans. Ma mère est palestinienne du Liban, mon père palestinien de Syrie. Je suis syrien. L’armée m’a appelé en 2006." Soutenu par l’UNESCO, ce projet met en lumière l’identité de ces hommes, femmes et enfants que la guerre leur aurait arraché, pour leur rendre leur statut d’être humain, montrer qu’ils ne sont pas que des migrants. Les festivaliers se confrontent alors à leur regard qui parlent d’eux-même, auxquels s’ajoutent des récits qui parlent d’avenir, de projets et de rêves : "On part en Allemagne, je rêve de continuer mes études. Ça fait quatre ans que j’ai arrêté l’école" exprime Fatma depuis Passau, à la frontière austro-allemande. Soutenu entre autre par l’UNESCO, ce manifeste pour les réfugiés est exposé à l’Institut du Monde Arabe jusqu’au 3 juillet 2016.

Toujours plus engagé, le festival Solidays a une fois de plus fait résonner en son sol les valeurs qui ont motivé sa création. Les lieux de rassemblements et d'expressions étaient là pour nous nous distraire mais aussi pour nous faire parler et réagir aux sujets qui nous touchent et qui font l'actualité. Une belle réussite pour l'événement, qui clôture cette édition avec Louise Attaque, fédérateur et énergique, repris à l'unisson par des milliers de personnes conquise par ce dernier moment de communion.