Noir Desir

Publié : 1er avril 2010 à 18h30 par

OUI FM

Noir Désir est un groupe de rock français originaire de Bordeaux. En quinze ans de carrière, Noir Désir a su insuffler le renouveau du rock français, sur les cendres du punk et de la new-wave. Car en France, peu de groupes ont su marier la rage, l’outrance et l’électricité du rock au verbe et à la mélodie, éléments indissociables de la culture latine. Noir Désir a su relever le challenge, pour devenir le plus grand groupe de rock français. Rencontre Tout commence en 1981 dans un lycée bordelais, où se rencontrent Bertrand Cantat (chant), Denis Barthe (batterie), Serge Teyssot-Gay (guitare) et Frédéric Vidalenc (basse). Au départ, ils jouent plus pour le plaisir que dans une optique professionnelle. C’est aussi à cette époque que Bertrand Cantat s’intéresse et s’essaie à l’écriture, notamment inspiré par la poésie de Baudelaire et Mallarmé. Pas vraiment portés sur l’école, les quatre garçons enchaînent plutôt les petits boulots, jusqu’à ce que, sur un coup de cœur, le chanteur américain Theo Hakola (Passion Fodder) produise le premier mini-album du groupe en 1987 : Ou veux-tu qu'je'regarde ?, au son déjà anglo-saxon et à la verve poétique, si caractéristique de l’identité Noir Désir. Sombres héros, coup d’envoi Deux ans plus tard, avec le producteur renommé Ian Broudie (Echo & the Bunnymen), le groupe sort l’album Veuillez rendre l’âme à qui elle appartient, salué par la critique. Le single Aux sombres héros de l’amer entre dans le Top 50, et le groupe reçoit le Bus d’acier, (récompense française de la presse spécialisée pour le rock français, distribuée jusqu’en 1996). Noir Désir tourne alors en France, mais aussi en URSS, en Tchécoslovaquie, ou encore au Canada. Le groupe, profondément attaché à sa liberté et à son indépendance, tient pourtant à garder ses distances avec une notoriété si rapidement acquise. Ce qui ne facilite pas les relations avec les maisons de disques : les Noir Désir entendent bien diriger eux-mêmes leur carrière, refusant de participer à certaines émissions de télévision, et insistant, par exemple, pour faire les interviews à quatre (permettant ainsi que chacun garde sa place, en dépit du charisme indéniable du leader Bertrand Cantat). Après une période de tournée intensive, le groupe est retourné en studio en novembre 1990, sans pression. Du ciment sous les plaines sort en février 1991. Si le groupe est toujours catalogué romantico-torturé, il se tourne pourtant vers un son de plus en plus dur, au service de textes toujours plus sombres et pessimistes. L’album se vend à 120.000 exemplaires, et les quatre bordelais tournent de Paris à Tokyo, en passant par le Canada. Pourtant, une certaine usure commence à se faire sentir, dans la routine alternant sorties de disques et concerts. Les rumeurs de rupture, plus ou moins fondées, vont bon train, et Bertrand Cantat devient même aphone tant il s’est donné sur scène. Le groupe s’accorde alors quelques mois de repos avant la préparation de nouvelles chansons. En décembre 1992, Tostaky sort, tout en bruit et en fureur. L’attente en a valu la peine, et les fans ne sont pas déçus : guitares fracassantes et textes pessimistes. Tous les ingrédients sont là, et le public se retrouve toujours dans Noir Désir. Le groupe reste fidèle à sa ligne de conduite, ne fait aucune concession, et la notoriété ne semble pas les intéresser. La tournée qui suit Tostaky est d’ailleurs triomphale, les concerts se jouent à guichet fermé, et la personnalité de Cantat transcende le public. Dies Irae, la vidéo et l’enregistrement de la tournée, sort en janvier 1994. Le calme après la tempête Après cette période de colère, le groupe ressent de nouveau le besoin de se reposer, et les membres de Noir Désir vont même jusqu’à se disperser volontairement. Le guitariste Serge Teyssot-Gay sort un album solo en 1996 (Silence Radio), Bertrand Cantat récupère doucement sa voix. Frédéric Vidalenc, le bassiste, quitte officiellement le groupe. Il sera remplacé par Jean-Paul Rey. Musique et messages En novembre 1996 sort l’énigmatique 666.667 Club. Dans la même lignée incendiaire et sombre, avec ce son si propre aux bordelais, la recette prend toujours, et le talent des Noir Désir est confirmé. Les quatre garçons enflamment de nouveau la France entière en tournée, et renforcent leurs prises de position militantes (notamment de passage à Toulon, alors municipalité d’extrême droite), même si leurs textes ne les portent pas explicitement. Les Noir Désir multiplient les événements, participent à des compilations, pour diffuser un message politique, défendre des causes humanitaires, ou encore débattre des problèmes rencontrés par les groupes de rock. En 1998, le groupe se voit remettre la Victoire de la Musique du Meilleur groupe de l’année, et celle de la Meilleure Chanson pour L’homme pressé. Conformément à leur état d’esprit, les quatre Noir Désir ne se présentent pas à la soirée. Le groupe collabore avec de nombreux artistes : les Têtes Raides (Gratte-Poil), Denez Prigent (Irvi), Alain Bashung (Climax), Yann Tiersen (Black Session). Ils apparaissent également sur la compilation hommage à Jacques Brel, Au Suivant, sur laquelle ils déversent leur électricité et leur noirceur pour Ces gens-là. Plus surprenante, la compilation One Trip, One Noise sort en 1998, et présente des titres du groupe remixés par la scène techno. Les projets solo de chacun suivent aussi leur cours : Denis Barthe, après avoir participé à l’album de La Berline en 1995, est aussi présent sur celui d’Edgar de l’Est en 1999. Serge Teyssot-Gay sort un second album solo en 2000, On croit qu’on en est sorti, à l’inspiration littéraire. Nouveau souffle Après une longue attente, Le vent l’emportera annonce l’album Des visages, des figures en 2001. Ce serait le plus abouti de tous. Produit par Nick Sansano (Sonic Youth, Red Hot Chili Peppers), Des visages, des figures est riche de collaborations : la guitare de Manu Chao sur Le vent l’emportera, le saxophone d’Akosh sur Europe, ou encore Brigitte Fontaine sur 23 minutes, 43 secondes. Bertrand Cantat pose davantage cette voix qu’il avait perdue à plusieurs reprises, les textes gagnent encore en impact. Ce nouveau virage a de quoi dérouter les fans, tant les nouveaux espaces sonores explorés par Noir Désir s’éloignent de la lignée des albums et tournées des dernières années. C’est en fait profondément cohérent, pour ce groupe qui cultive perpétuellement le doute et la remise en question. Début 2002, ce sont 900.000 exemplaires qui se sont écoulés, et le groupe est, en conséquence, nominé cinq fois aux Victoires de la Musique. Ils reçoivent d’ailleurs la récompense de l’Album Rock de l’Année, et celle du Clip de l’Année (Le vent l’emportera). Cette fois, ils sont présents à la soirée, qui est l’occasion pour eux de provoquer le président du groupe Vivendi, dont dépend leur maison de disque (Universal). Ils lui reprochent une récupération de leur nom, sorte d’alibi culturel mis en avant pour démontrer leur diversité. L’événement a donné lieu à un grand battage médiatique et a fait grand bruit dans le milieu artistique. La tournée française se fait attendre. Le groupe part au Québec quelques jours après la retentissante cérémonie des Victoires. Il tourne ensuite en Europe et au Moyen-Orient. Du 29 avril au 4 mai, les Noir Désir improvisent tout de même 4 dates en France, en réaction à la qualification de Le Pen au second tour des présidentielles, aux côtés des Têtes Raides, Dominique A, Yann Tiersen, Rodolphe Burger, ou encore Thomas Fersen. La tournée française démarre alors, à guichet fermé, et durera jusqu’à l’hiver suivant. Dans l’année, le groupe reçoit un Disque de Platine par la Fédération internationale pour l’industrie phonographique, récompensant un million d’unités vendues de Des visages, des figures. Noir Désir en suspens Mais le destin des bordelais s’assombrit brutalement, lorsqu’en juillet 2003, à Vilnius (Lituanie), Bertrand Cantat est placé en détention pour le meurtre de sa compagne, Marie Trintignant. Du jour au lendemain, tous les projets sont annulés, les concerts comme l’événement de sensibilisation politique Septembre Ensemble, organisé conjointement avec les toulousains de Zebda. Bertrand Cantat reste incarcéré en Lituanie, jusqu’à son transfert en septembre 2004 dans le Sud-Ouest de la France, suite à la décision du tribunal de Vilnius le condamnant à huit ans de prison. Les trois autres membres de Noir Désir continuent à soutenir leur leader, mais s’expriment peu sur l’affaire. Ils lui rendent fréquemment visite, et obtiennent même au printemps 2005 l’autorisation de se réunir afin de terminer le travail entamé deux ans auparavant sur la sortie du disque live. En public sort chez Barclay en septembre 2005, retraçant la tournée Des visages, des figures de 2002, ainsi qu’un DVD. Les trois musiciens se consacrent à leurs projets en solo : Serge Teyssot-Gay donne des concerts toute l’année 2005, Denis Barthe produit le disque des Têtes Raides, Jean-Paul Rey joue aux côtés de Yann Tiersen sur sa nouvelle tournée. Fin 2005, tous les trois se rassemblent à nouveau sur la bande originale du film d’Albert Dupontel, Enfermés dehors. L’engagement continue, avec Les Rendez-vous de Terres Neuves à Bègles en mai 2006, notamment avec les Têtes Raides et Olivia Ruiz. Le public ne suit pas vraiment mais une nouvelle édition des Rendez-vous a lieu l’année suivante, en octobre. Au même moment, Bertrand Cantat obtient une libération conditionnelle, après avoir purgé plus de la moitié de sa peine. La libération de Cantat donne lieu à de nombreuses rumeurs sur la sortie d’un nouvel album. Mais Noir Désir n’a jamais donné dans la précipitation, et ils le font savoir. Autant dire qu’ils créent la surprise en novembre 2008, avec la mise en ligne sur leur site de deux nouvelles chansons, Gagnants / Perdants et Le temps des cerises (avec Eiffel) Noir Désir entame donc son retour sans promotion, et permet aux internautes de télécharger les morceaux gratuitement. (Source : RFI Musique)