HEADCHARGER : "ce qui définit le mieux ce disque ce sont les années 90"

Publié : 6 octobre 2021 à 12h55 par Aurélie Communier

OUI FM

Les Caennais d’Headcharger parlent de leur nouvel album Rise From The Ashes.

Décidément, cette rentrée 2021 a des airs de retour vers le futur à la sauce 90’s. Entre Nevermind qui atteint la trentaine, le combo jean troué/chemise à carreaux qui reste toujours un incontournable dans nos armoires et la sortie prochaine d’album solo pour Eddie Vedder et Jerry Cantrell, l’aura de Seattle n’aura jamais été aussi présent dans nos vies qu’en ce moment. Et cela se ressent également aussi fortement dans notre scène rock française, la preuve avec le nouvel album des Caennais d’Headcharger ! Pour cette 7ème production intitulée Rise From The Ashes, le groupe opère quelques changements au niveau du style musical, du personnel et aussi de label. Comme nous le confie Sébastien Pierre, le titre de l’album n’aura jamais aussi bien porté son nom. Rencontre en visio il y a quelques semaines pour discuter de ce nouvel album, le chanteur de Headcharger revient sur les cinq dernières années passées se qui se sont révélées fortes en émotions. Vous venez de sortir votre nouvel album Rise From The Ashes, il y a quelques semaines, vous êtes plutôt content des retours autour de ce disque ? Ouais, on est super content. Il s’avère que l’album est hyper bien reçu par la presse, ce qui est cool. On a eu de beaux compliments. Mais surtout, il est super bien accueilli par notre public et ça, c’est quand même une belle preuve d’amour, parce qu’il a été fait tellement dans la douleur ce Rise From The Ashes. Ce n’est pas un titre au hasard, on renaît d’une période pas facile où on était vraiment partis très très bas. Entre la sortie d’Hexagram et ce nouvel album, il s’est passé cinq ans... Que s’est-il passé durant cette longue période ? Ouais, alors ça fait que cinq ans depuis la sortie d’Hexagram (rires), mais c’est vrai que pour Headcharger c’est beaucoup parce qu’on a toujours enchaîné l’enregistrement des albums et les tournées. Et là, y a eu des trucs qu’on ne pouvait pas ignorer : plusieurs confinements et la pandémie déjà. Ça a retardé la sortie de Rise From The Ashes de six mois. Quand on a terminé la tournée pour Hexagram, on avait commencé à composer et ce qui en sortait ne nous plaisait pas. Rudy (Lecocq) à la batterie nous avait annoncés dans la foulée qu’il allait partir, et on a décidé de notre côté de se séparer d’Antony (Josse). On s’est donc retrouvé à trois, avec des maquettes qui ne nous plaisaient pas vraiment et on s’est demandé à juste titre si on n’était pas arrivé au bout d’un cycle et au bout carrément d’une histoire. Ça fait bizarre de se dire ça, parce que c’était une histoire de presque 15 ans déjà à ce moment-là, c’est toujours quelque chose de compliqué comme situation. Tu rajoutes à ça des gros problèmes sur le plan personnel qu’on a tous les cinq partagés. Donc ouais, à un moment, on était bien bas et la conjoncture n’a rien arrangé.
Malgré cette remise en question, deux nouveaux musiciens ont fait leur arrivée dans le groupe... David Vallée à la guitare et Antoine Cadot à la batterie. Comment s’est passé leur intégration au sein d’Headcharger ? Il se trouve qu’on avait déjà joué avec David lors de notre concert à Petit Bain (en 2017). Il avait remplacé Anthony à la guitare à l’époque parce qu’il allait de nouveau être papa. A ce moment-là, ça s’était hyper bien passé avec lui. Du coup, je me suis dit : « Perdu pour perdu, si on lui envoyait nos maquettes pour voir ce que lui en pense, voir ce qu’il pourrait en faire. » Il se trouve qu’il a rallumé une étincelle, clairement. Un truc qu’on n’imaginait pas. C’était assez bizarre, c’est juste psychologique ce truc parce qu’il se trouve que de tous les morceaux qu’on lui a envoyé à ce moment-là et qu’on a bossé, on n’a rien gardé. Tout ce qu’on a gardé, c’est ce qui a été fait après son intégration dans le groupe. La direction de l’album s’est directement dessinée, je pense que ce qui définit le mieux ce disque-là ce sont les années 90 et le rock. Et pour le coup, on a auditionné un batteur dans cet esprit-là, puisqu’on ne voulait pas un batteur de metal pour ce disque, je pense qu’il y aurait eu erreur de casting. On a retenu Antoine. Et honnêtement ce Rise From The Ashes, « renaître de ses cendres » en français, c’est on ne peut plus vrai nous concernant, parce que j’ai rarement vu aujourd’hui autant de sourire lors des répètes de Headcharger. Finalement, c’est ce changement de personnel au sein du groupe qui a relancé la machine... Je pense qu’on était arrivé à la fin d’un cycle et que l’inspiration, c’est quelque chose que tu ne contrôles pas. Il se trouve qu’à ce moment-là, on était arrivé complètement à sec et qu’eux, nous ont apporté un souffle nouveau. On s’est dit que comme il nous apportait ce second souffle, plutôt que de composer cet album à trois comme on l’a quasi toujours fait, c’est-à-dire Romain (Neveu) à la basse, David (Rocha) à la guitare et moi au chant, on allait les intégrer à la composition et c’est le premier album qu’on a composé à cinq. Pas mal de gens nous disent que c’est sûrement l’un des meilleurs albums d’Headcharger, je pense que c’est cet esprit de groupe qu’on avait un peu oublié. Là, on l’a bien mis en avant et ça m’a aussi permis de me libérer d’un truc : les chœurs. Pour une fois, j’avais quelqu’un avec moi qui savait chanter, en la présence de David (Vallée), qui a fait le chant lead dans plusieurs groupes. Il a pu assurer les chœurs avec moi, nos deux voix se marient bien en plus. J’ai enfin pu faire ce travail d’harmonie que j’ai toujours adoré à l’image de groupe comme Alice In Chains.
Avec ce nouvel album vous avez aussi opéré un changement de label, avec une première sortie sur At(h)ome... Qu’est-ce qui vous a amené à bosser avec eux ?   Cet album est né pendant le premier confinement, on était tous enfermé chez nous. On s’est tous concentrer sur l’écriture et la finalisation des maquettes. Suite à ça, j’ai reçu un mail d’At(H)ome qui me disait que les pré-prods leur plaisaient, et ça en plein confinement, c’est assez hallucinant. At(h)ome nous a fait confiance à 100% et dans le contexte dans lequel on était, un label qui continue de signer des groupes et de sortir des albums, ça peut paraître normal, mais en réalité, c’est un vrai risque de leur part. Y a une vraie preuve d’amour dans leur démarche, de se dire « Nous, on croit en votre projet, on l’aime beaucoup et on a envie de le faire écouter aux gens. » Je trouvais ça super de leur part, c’est pour cela qu’on est parti de Verycord pour aller chez A(t)omes. Y a eu ce déclic, on est dans un vrai label indépendant géré par des passionnées. L’album a été enregistré au fameux Swan Sound Studio, un lieu que vous connaissez bien. Pourquoi avoir choisi de rebosser là-bas ? On s’est dit qu’après tous ces changements, il fallait qu’on enregistre dans un endroit de confiance. On est donc retourné au Swam Sound Studio, à 30 min de chez nous en Normandie. Quand on enregistre un album, on reste en général un mois pour les prises et un mois pour le mixe. Il se trouve qu’on a terminé les prises deux jours avant le retour du confinement. Le mixe s’est fait à distance du coup avec Guillaume Doussaud. Pour le mastering, on a de nouveaux fait appel à Alan Douches, parce que ça s’est toujours bien passé avec lui. Par contre, il était clair qu’on voulait que Guillaume produise l’album artistiquement. On a confiance en lui, on connaît son talent en tant que musicien, et du coup, c’était une super expérience parce qu’il a su mettre le vernis sur ces morceaux et trouver le petit gimmick qui fait que ça marche. Et même dans les sons, on a beaucoup discuté comme quoi on ne voulait pas des tartines de guitares, on voulait vraiment une guitare droite/gauche, un truc vachement ouvert. Et c’est pour ça que cet album sonne beaucoup plus rock. On a une vraie stéréo dans la production et pour le mastering c’est pareil. On a demandé à Alan de nous faire un mastering pour le CD, un mastering pour le vinyle et un autre pour les plates-formes numériques. C’était important pour nous de travailler comme ça, un peu à l’ancienne.
Avec ce changement de line-up, je suppose que votre façon de travailler à évoluer... Ce qui est important dans un groupe quand on intègre de nouveaux membres, c’est pas de les modeler à ce qui a été fait avant. C’est de leur dire, qu’il y a quand même un cahier des changes à respecter, on s’appelle Headcharger, sinon on sort un album sous un autre nom. Il faut aussi être franc du collier envers les gens qui continuent d’acheter tes albums. Mais y a aussi le fait de vouloir optimiser les qualités de ces nouveaux musiciens pour les adapter à la musique d’Headcharger. Et ça, on l’a fait non seulement pour l’album, mais on le travaille aussi pour le live. C’est-à-dire que forcement on continue de jouer des anciens titres, on jouera notammentYou Wanna Dance parce qu’on sait que dans l’équipe de Bring The Noise vous y tenez (rire), donc il sera dans la setlist. Mais ce sera une version réarrangée et qui sera jouer un peu différemment. Mais c’est cool, c’est justement là que ça devient intéressant quand t’es un groupe, c’est de faire évoluer tes morceaux au fur à mesure du temps et c’est peut-être aussi pour ça que ça fait 17 ans qu’on est là. Après une pause imposée de près de deux ans et demi, le groupe est plus qu’impatient de retrouver son public et de pouvoir nous présenter comme il se doit ce nouvel album en live. Ils fêteront justement la sortie de Rise From The Ashes avec une grosse Release Party au Big Bang Café à Caen (leur maison, comme ils le disent en interview) le 8 octobre prochain en compagnie des copains de 7 Weeks et de Klone. On les retrouvera également du côté de Nantes au Ferrailleur le 20 novembre, vers Montbéliard à l’Atelier des Moles le 20 décembre et Headcharger annoncera très prochainement une date parisienne pour le mois de Novembre qui selon les dernières infos de Sébastien Pierre sera « un concert gratuit organisé par un magasin » et « dans une salle vers Pigalle ». Affaire à suivre. Facebook : https://www.facebook.com/headchargerband/ Bandcamp : https://headcharger.bandcamp.com/music Youtube : https://www.youtube.com/channel/UCIoDCnbxi53v2j2w_3