Beauregard : le mécénat et les partenaires privés, réussite assurée d'un festival ?
Publié : 6 juillet 2015 à 21h05 par Angèle Chatelier
80, c'est le nombre de partenaires privés qui font fonctionner le festival Beauregard à Hérouville Saint-Clair (Calvados). À l'heure où des centaines d'événements culturels n'arrivent plus à perdurer à cause de subventions insuffisantes ou de raisons politiques, le festival Beauregard tient, et s'amplifie même, grâce au mécénat et aux partenaires privés. Une solution dans ce paysage noir de la culture ?
80, c'est le nombre de partenaires privés qui font fonctionner le festival Beauregard à Hérouville Saint-Clair (Calvados). À l'heure où des centaines d'événements culturels n'arrivent plus à perdurer à cause de subventions insuffisantes ou de raisons politiques, le festival Beauregard tient, et s'amplifie même, grâce au mécénat et aux partenaires privés. Une solution dans ce paysage noir de la culture ?
La culture se fait la malle. La situation en devient dramatique lorsque des festivals meurent, et pas autant ne naissent. C'est ce qui arrive en 2015. Pourtant, parmi ce panorama barbouillé, certains festivals comme Les Vieilles Charrues ou Garorock perdurent grâce à l'auto-financement. Cela se traduit par l'acquisition de partenariats privés, souvent le fruit d'entreprises qui investissent pour leur image, leurs salariés, ou leurs clients. C'est aussi le cas du festival Beauregard qui a réussi à faire, en 2015, plus de 80 000 entrées.
Les partenariats privés : nouvelle stratégie de financement
Les budgets des festivals sont chaque année sur la sellette. Du succès de l'événement dépend son avenir, une hausse de fréquentation assurant automatiquement une augmentation de budgets (artistes, site, sécurité...). De plus, aux vues d'une crise du disque toujours vivace, le prix du cachet des artistes n'est plus le même qu'il y a quelques années. Une succession de problèmes, qui peuvent aller jusqu'à à la coupe pure et simple de subventions publiques pour cause d'un changement de mairie, d'un manque de personnel ou encore de réformes des collectivités territoriales. La solution pour perdurer, donc, se trouve de plus en plus dans l'auto-financement. Autrement dit, aller à la pêche aux sponsors, séduire les entreprises et leur proposer une contrepartie unique.
Le festival Beauregard repose à 95% sur un modèle économique de partenariats privés et d'auto-financement. "Nous, dès la première édition, on savait que pour qu'un festival survive, il fallait que le public vienne mais surtout, qu'il soit correctement financé, et suffisamment stable" nous explique Paul Langeois, créateur du festival Beauregard. Au-delà des partenaires médias qui permettent une stratégie de communication, les équipes de ce type de festivals doivent s'atteler à démarcher des entreprises (aussi différentes soit-elles) afin qu'elles investissent durablement.
Durablement : là où est toute la difficulté. Car la perte d'un partenaire privé important remet autant en cause que la baisse de subventions publiques, voire pire. L'enjeu est donc de taille : démarcher un partenaire privé, mais surtout le garder. Pourtant, dans le difficile marché de la musique, les entreprises sont de plus en plus exigeantes. "Nous, nous donnons 10 000 euros par an au festival Beauregard" a expliqué l'entreprise B Ingénierie au micro de OÜI FM. "En échange, nous avons des places VIP à donner à nos salariés et à nos clients". Car en réalité, faire un chèque pour un événement culturel parfait l'image d'une entreprise et lui donne un véritable capital sympathie. La société Alpha Protection, quant à elle, nous explique qu'ils y gagnent à financer une partie du festival car la mairie d'Hérouville Saint-Clair (où est situé le festival) est un de leur gros client. Business Is Business.
Beauregard est un exemple assez pertinent de ce point de vue là : l'espace "partenaire" est composé exclusivement du mobilier d'une grande marque suédoise et le matraquage publicitaire ne manque pas aux écrans adossés aux scènes. Aux abords de l'espace restauration, de nombreuses marques ont élues domicile : concours, tentes voyantes, musique ambiante... Tout y est pour attirer le festivalier. "Leur objectif est souvent de faire de la présence à l'esprit sur de fortes périodes commerciales mais surtout, de s'acheter un capital sympathie vis-à-vis de leurs consommations. Généralement, elles souhaitent développer de l'engagement" expliquait Marc Pottier directeur commercial de l'agence Postercope Event à l'IRMA. Cabinets d'avocats, entreprises d'ingénierie, voiture, mutuelles, centres commerciaux, tout le monde y passe et y met de son grain de sel.
Beauregard a fait le choix de l'auto-financement pour assurer à ses festivaliers un événement stable et durable. La seule chose qui a changé politiquement cette année nous explique Paul Langeois, c'est l'accès au réseau de transports en communs de l'agglomération, offert par la ville aux organisateurs. Des navettes aller et retour gratuites tout le week-end pour assurer la sécurité et l'accessibilité du festival.
La publicité, la solution à notre richesse culturelle ? Cela semble en tout cas se répéter sur bons nombres de festivals, que cela soit un choix ou non, malheureusement.
Retrouvez les interviews de Baxter Dury, The Dø, Alt-J et encore bien d'autres réalisés ce week-end par Thomas Caussé sur le site du festival Beauregard, sur l'antenne de OÜI FM. Restez à l'écoute !
La culture se fait la malle. La situation en devient dramatique lorsque des festivals meurent, et pas autant ne naissent. C'est ce qui arrive en 2015. Pourtant, parmi ce panorama barbouillé, certains festivals comme Les Vieilles Charrues ou Garorock perdurent grâce à l'auto-financement. Cela se traduit par l'acquisition de partenariats privés, souvent le fruit d'entreprises qui investissent pour leur image, leurs salariés, ou leurs clients. C'est aussi le cas du festival Beauregard qui a réussi à faire, en 2015, plus de 80 000 entrées.
Les partenariats privés : nouvelle stratégie de financement
Les budgets des festivals sont chaque année sur la sellette. Du succès de l'événement dépend son avenir, une hausse de fréquentation assurant automatiquement une augmentation de budgets (artistes, site, sécurité...). De plus, aux vues d'une crise du disque toujours vivace, le prix du cachet des artistes n'est plus le même qu'il y a quelques années. Une succession de problèmes, qui peuvent aller jusqu'à à la coupe pure et simple de subventions publiques pour cause d'un changement de mairie, d'un manque de personnel ou encore de réformes des collectivités territoriales. La solution pour perdurer, donc, se trouve de plus en plus dans l'auto-financement. Autrement dit, aller à la pêche aux sponsors, séduire les entreprises et leur proposer une contrepartie unique.
Le festival Beauregard repose à 95% sur un modèle économique de partenariats privés et d'auto-financement. "Nous, dès la première édition, on savait que pour qu'un festival survive, il fallait que le public vienne mais surtout, qu'il soit correctement financé, et suffisamment stable" nous explique Paul Langeois, créateur du festival Beauregard. Au-delà des partenaires médias qui permettent une stratégie de communication, les équipes de ce type de festivals doivent s'atteler à démarcher des entreprises (aussi différentes soit-elles) afin qu'elles investissent durablement.
Durablement : là où est toute la difficulté. Car la perte d'un partenaire privé important remet autant en cause que la baisse de subventions publiques, voire pire. L'enjeu est donc de taille : démarcher un partenaire privé, mais surtout le garder. Pourtant, dans le difficile marché de la musique, les entreprises sont de plus en plus exigeantes. "Nous, nous donnons 10 000 euros par an au festival Beauregard" a expliqué l'entreprise B Ingénierie au micro de OÜI FM. "En échange, nous avons des places VIP à donner à nos salariés et à nos clients". Car en réalité, faire un chèque pour un événement culturel parfait l'image d'une entreprise et lui donne un véritable capital sympathie. La société Alpha Protection, quant à elle, nous explique qu'ils y gagnent à financer une partie du festival car la mairie d'Hérouville Saint-Clair (où est situé le festival) est un de leur gros client. Business Is Business.
Beauregard est un exemple assez pertinent de ce point de vue là : l'espace "partenaire" est composé exclusivement du mobilier d'une grande marque suédoise et le matraquage publicitaire ne manque pas aux écrans adossés aux scènes. Aux abords de l'espace restauration, de nombreuses marques ont élues domicile : concours, tentes voyantes, musique ambiante... Tout y est pour attirer le festivalier. "Leur objectif est souvent de faire de la présence à l'esprit sur de fortes périodes commerciales mais surtout, de s'acheter un capital sympathie vis-à-vis de leurs consommations. Généralement, elles souhaitent développer de l'engagement" expliquait Marc Pottier directeur commercial de l'agence Postercope Event à l'IRMA. Cabinets d'avocats, entreprises d'ingénierie, voiture, mutuelles, centres commerciaux, tout le monde y passe et y met de son grain de sel.
Beauregard a fait le choix de l'auto-financement pour assurer à ses festivaliers un événement stable et durable. La seule chose qui a changé politiquement cette année nous explique Paul Langeois, c'est l'accès au réseau de transports en communs de l'agglomération, offert par la ville aux organisateurs. Des navettes aller et retour gratuites tout le week-end pour assurer la sécurité et l'accessibilité du festival.
La publicité, la solution à notre richesse culturelle ? Cela semble en tout cas se répéter sur bons nombres de festivals, que cela soit un choix ou non, malheureusement.
Retrouvez les interviews de Baxter Dury, The Dø, Alt-J et encore bien d'autres réalisés ce week-end par Thomas Caussé sur le site du festival Beauregard, sur l'antenne de OÜI FM. Restez à l'écoute !
Angèle Chatelier